Le Sahara occidental demeure "un territoire en attente de décolonisation"

lun 15/12/2025 - 20:49

 

 

Madrid, 15 déc 2025 (SPS) L'historien espagnol, José Ignacio Alguero Cuervo, a dénoncé l'interprétation biaisée des résolutions de l'ONU, notamment la résolution 2797 du Conseil de sécurité et son instrumentalisation politique et médiatique pour présenter le conflit sahraoui comme résolu, affirmant que le Sahara occidental reste "un territoire en attente de décolonisation".

Dans une tribune publiée par le quotidien espagnol El Independiente, cet historien soutient qu'en dépit des tentatives du Maroc de faire "légaliser" son occupation illégale du Sahara occidental par la communauté internationale, "la question est loin d'être close".

Remettant les pendules à l'heure, José Ignacio Alguero Cuervo souligne que la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental "n'exclut pas" l'option de l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination et "ne reconnaît pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental".

Il rappelle, à ce titre, la clarification apportée par le représentant permanent du Danemark auprès de l'ONU et qui avait déclaré, après avoir voté en faveur de cette résolution, que ce vote "ne constitue pas une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, car toute solution doit être convenue par les parties conformément à la Charte et aux principes des Nations unies, y compris le droit à l'autodétermination".

"Depuis 1975, le peuple sahraoui a subi une série de tromperies, d'affronts et de violations de ses droits les plus fondamentaux (...), ce qui explique qu'il demeure, cinquante ans plus tard, la dernière colonie en Afrique en attente de décolonisation, qu'il voit ses terres occupées et soit persécuté dans le Sahara occupé", déplore-t-il.

Dans cette tribune intitulée "Sahara occidental: mensonges, tromperies et contrevérités", publiée à l'occasion du 50e anniversaire de l'accord tripartite de Madrid, l'auteur fait un examen critique des récits officiels qui ont accompagné l'abandon du Sahara occidental par l'Espagne et la consolidation subséquente de l'occupation marocaine.

Evoquant l'accord de Madrid, l'historien le qualifie de "véritable vente d'un territoire et de ses habitants, inscrite dans une série de clauses secrètes qui allaient être révélées ultérieurement".

"De plus, la légalité de l'accord signé était hautement douteuse, puisque les termes référendum et autodétermination, engagements précédemment acceptés par l'Espagne devant l'ONU, n'y figuraient même pas une seule fois", regrette-t-il, faisant remarquer que l'accord ne sera jamais ratifié par les parlements des pays signataires, comme l'exigeait la procédure et, dans le cas de l'Espagne, il ne sera jamais publié au Journal officiel de l'Etat.

S'appuyant sur des faits documentés, des déclarations officielles et des résolutions internationales, Alguero démontre, en outre, le décalage entre les engagements publics pris pendant des décennies et les décisions politiques concrètes adoptées par les gouvernements espagnols successifs. 

Il cite, dans ce contexte, le revirement majeur opéré par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, qui a mis fin, en 2022, à la neutralité de l'Espagne dans ce conflit, rappelant que le programme électoral de son parti, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) lors des élections de 2018 incluait, pourtant, le droit des Sahraouis à l'autodétermination.

L'auteur qui a critiqué le déni de la responsabilité de l'Espagne dans le conflit sahraoui, affirme que son pays "en tant que puissance administrante de jure, a la responsabilité de veiller à ce que ce sombre chapitre de son histoire ne s'assombrisse pas davantage". (SPS)

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