Une organisation sahraouie exhorte le comité du Prix Nelson-Mandela à reconsidérer la candidature marocaine

mar 13/05/2025 - 18:04

 

Chahid ElHafedh (Camps de réfugiés sahraouis), 13 mai 2025 (SPS) L'Association des familles de prisonniers et de disparus sahraouis (AFAPREDESA) a affiché son opposition à la candidature marocaine au Prix Nelson-Mandela des Nations unies, exhortant le comité de ce prix à "reconsidérer cette nomination".

"Au nom de la société civile sahraouie et des défenseurs des droits humains engagés pour le respect des droits fondamentaux, la justice et l'autodétermination, nous exprimons notre profonde préoccupation quant à l'éventuelle attribution du Prix Nelson-Mandela 2025 à Mme Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l'homme (CNDH) du Maroc", a écrit l'AFAPREDESA dans une lettre adressée aux membres du comité du prix Nelson-Mandela.

Pour cette association sahraouie, "une telle décision trahirait les valeurs universelles défendues par Nelson Mandela et enverrait un message désastreux aux peuples en lutte pour leurs droits légitimes".

Rappelant que le grand militant Nelson Mandela a consacré sa vie à la libération des peuples opprimés, l'AFAPREDESA a affirmé que "décerner ce prix à une personnalité dont les actions contredisent ses idéaux équivaudrait à bafouer sa mémoire".

"Mandela n'aurait jamais pardonné le déni des droits d'un peuple sous occupation", a-t-elle soutenu. L'association a exhorté, à ce titre, les membres du comité à "reconsidérer cette nomination".

"Le Prix Nelson-Mandela doit récompenser des personnalités dont l'engagement coïncide avec les principes de justice, de dignité et de liberté, et non celles qui les compromettent", a-t-elle plaidé, exprimant son souhait de voir le comité "privilégier l'éthique aux considérations politiques".

Elle a tenu, dans ce contexte, à rappeler aux membres du comité les positions "contraires aux principes d'autodétermination et de justice internationale" de cette candidate qui "a publiquement soutenu l'annexion par le Maroc du Sahara occidental (...), niant ainsi le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, consacré par la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale des Nations unies du 14 décembre 1960 sur la décolonisation".

"Ses déclarations, alignées sur la position officielle du Maroc, contreviennent à l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 16 octobre 1975, qui a rejeté toute souveraineté territoriale marocaine sur le Sahara occidental. De plus, elles ignorent de multiples résolutions de l'ONU et de l'Union africaine, ainsi que les récents arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui réaffirment l'illégalité de l'exploitation des ressources naturelles sahraouies sans le consentement du peuple sahraoui", a-t-elle ajouté.

L'AFAPREDESA a souligné, en outre, qu'en 2019, Mme Bouayach a nié l'existence de prisonniers politiques au Maroc, notamment les militants sahraouis du groupe Gdeim Izik, "pourtant reconnus comme tels par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, Amnesty International et Human Rights Watch".

"Ces prisonniers, victimes de procès inéquitables et de torture, symbolisent la répression systématique des voix sahraouies", a-t-elle affirmé, se demandant "Comment un prix honorant Mandela, symbole de la résistance à l'oppression, pourrait-il récompenser un tel déni de la souffrance politique ?".

L'association a fait savoir que le Conseil qu'elle préside "maintient des bureaux à Laâyoune et à Dakhla occupées sans consulter le peuple sahraoui ni son représentant légitime, le Front Polisario, violant ainsi le principe du consentement libre et éclairé".

Elle a qualifié, à ce propos, ces structures d'"outils de légitimation de l'occupation, tandis que les rapports des ONG continuent de documenter des arrestations arbitraires, des actes de torture et des restrictions des libertés fondamentales".

"Bien que le CNDH affirme « surveiller les manifestations et visiter les prisons », ses rapports omettent systématiquement de condamner les violations graves, comme l'a souligné le Département d'Etat américain (en 2015)", a-t-elle déploré, soulignant qu'"une telle complaisance est incompatible avec l'esprit du Prix Mandela, qui récompense les luttes concrètes pour l'émancipation".(SPS)

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