Alerte sur la dégradation des conditions carcérales d'un journaliste sahraoui dans les geôles marocaines

dim 10/08/2025 - 20:42

 

Genève, 10 août 2025 (SPS) L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains et "Equipe Media" ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à la dégradation des conditions carcérales des détenus sahraouis dans les geôles marocaines, alertant sur le cas du journaliste sahraoui El Bachir Khadda, arbitrairement détenu depuis 2010.

L'Observatoire et "Equipe Media" affirment, dans un communiqué conjoint, qu'ils ont été informés du "refus d'accès aux soins et du harcèlement dont est victime le journaliste sahraoui El Bachir Khadda, ainsi que de l'impunité dont bénéficient les auteurs des actes de torture à son encontre".

Figure historique du média indépendant "Equipe Média" et membre de l'Observatoire sahraoui des droits de l'Homme, M. Khadda "a été enlevé à Laâyoune occupée en 2010 avant d'être soumis à des actes de torture en représailles à sa couverture médiatique critique des autorités d'occupation marocaines", rappellent les deux organisations.

Il a été condamné à 20 ans de prison en 2017 par la Cour d'appel de Salé, près de Rabat. Sa détention a été reconnue comme arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

Constatant avec "inquiétude" l'impunité dont bénéficient les auteurs des actes de torture et de mauvais traitements infligés à M. Khadda lors de son arrestation et de sa détention, l'Observatoire et "Equipe Media" ont exigé des sanctions.

"Bien que le Maroc ait ratifié la Convention contre la Torture et consacré la prohibition de la torture et des mauvais traitements à l'article 12 de sa Constitution, aucune suite n'a été donnée aux 42 plaintes déposées par le journaliste depuis 2011. La dernière en date, déposée le 30 juin 2025 et concernant des « représailles et refus de soins », est restée à ce jour lettre morte", déplorent les deux parties.

Elles appellent les autorités d'occupation et l'administration de la prison de la ville de Tiflet à "prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité, l'intégrité physique et le bien-être psychologique d'El Bachir Khadda".

Les autorités d'occupation et l'administration pénitentiaire "doivent immédiatement rétablir des conditions de détention conformes aux standards nationaux et internationaux en matière de droits humains pour tous les détenus sahraouis et mettre fin à l'usage de la détention prolongée comme instrument pour faire taire les voix des journalistes et défenseurs des droits humains sahraouis", ont-elles exigé.

L'Observatoire avait récemment déploré le refus de soins du journaliste sahraoui Mohamed Lamin Haddi, également détenu arbitrairement depuis quinze ans à la prison de Tiflet 2, dans un état d'isolement prolongé et avec des communications avec ses proches très limités.

Pour rappel, l'accès rapide à des soins médicaux appropriés et indépendants est garanti par les Règles Nelson-Mandela (Ensemble des règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus), ainsi que par les lignes directrices de Robben Island (Ensemble de directives régionales africaines visant à interdire et à prévenir la torture).

En 2022, le Comité des Nations unies contre la torture avait déjà condamné le Maroc pour restrictions d'accès aux soins d'un détenu sahraoui et avait appelé les autorités d'occupation à prendre des mesures concrètes à cet égard.(SPS)

Partager