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Corruption au PE: Sultana Khaya victime du "Marocgate"

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Rome, 23 déc 2022 (SPS) Le "Marocgate" continue de livrer ses secrets au fil des jours, avec cette fois-ci la militante sahraouie des droits de l'Homme, Sultana Khaya, qui aurait été victime de ce vaste scandale de corruption au Parlement européen (PE) dans lequel le Maroc est impliqué, après avoir été recalée au prix Sakharov pour la liberté de l'esprit du PE.
Dans la continuité de la saga "Marocgate", le journal italien "Il fatto quotidiano", - citant des enquêteurs du parquet fédéral de Bruxelles - a indiqué que l'ingérence du régime marocain ne se serait pas limitée à influencer les décisions du Parlement européen concernant le Maroc, mais aurait également été portée sur la "nomination des membres des commissions de l'Eurochambre qui traitaient de dossiers délicats pour le pays maghrébin", mais aussi celle "des candidats au prix Sakharov pour la liberté de l'esprit".
En analysant la liste présentée par divers groupes politiques, poursuit le média italien, "on constate qu'en 2021 le Groupe de Gauche a proposé Sultana Khaya, la militante des droits humains sahraouis et pour l'indépendance du Sahara occidental occupé, pour que son nom figure dans le trio de finalistes".
Avec la complicité de parlementaires européens à la solde du Maroc qui ont exercé des pressions au sein du PE, la militante sahraouie a été privée de ce prix, pendant qu'elle était en résidence surveillée avec sa soeur et sa mère à Boujdour occupée.
A ce sujet, Sultana Khaya a raconté dans un entretien à ce même journal, sa joie d'être nominée à ce prix alors qu'elle était enfermée dans sa maison, avant d'exprimer sa déception d'apprendre sa défaite, affirmant qu'elle "n'a pas du tout été surprise".         
"Ma conviction, dès le départ, était qu'il y aurait des pressions de la part du gouvernement marocain pour changer le résultat de ce vote", a-t-elle dit.
"Cette candidature m'a semblé d'une grande aide. Nous avions besoin de quelqu'un pour littéralement sauver nos vies. Cette candidature m'a semblé être un lien important avec le monde extérieur", a décrit la militante.
Et de poursuivre: "Après le viol dont j'ai été victime, découvrir que derrière ma défaite au prix Sakharov se cache peut-être la manœuvre des émissaires du gouvernement marocain, avec la complicité de parlementaires européens, c'est comme si j'ai subi un deuxième viol. Si tel était le cas, ce serait une violation grave des droits de l'Homme".
Avec ce prix, "notre cause aurait été mieux connue à travers le monde", car l'objectif principal du peuple sahraoui reste l'indépendance, a-t-elle souligné.
Interrogée sur ce scandale retentissant au sein du PE, Sultana Khaya s'est réjouie du fait qu'il ait éclaté au grand jour. "Le monde sait maintenant que le Maroc est obligé d'acheter des parlementaires pour dissimuler ses violations contre nous. C'est une victoire pour mon peuple", a-t-elle dit.
Rabat derrière la nomination d'Eva Kaili et Andrea Cozzolino
Mais ce n'est pas tout. Rabat serait intervenu également pour "la modification du rapport annuel du PE sur la politique étrangère et de sécurité commune" mais aussi pour la nomination de députés dans certains postes clés de l'institution européenne.
En effet, le Makhzen a opéré au sein de la Commission créée pour enquêter sur Pegasus, en soudoyant l'eurodéputé Andrea Cozzolino, un des membres de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur l'utilisation du logiciel espion sioniste.
Selon le journal - s'appuyant sur un document du 29 juillet dernier - les enquêteurs ont émis l'hypothèse que l'élection d'Eva Kaili à la vice-présidence du Parlement européen aurait été soutenue par l'ancien eurodéputé italien corrompu Pier Antonio Panzeri et son équipe.
Pour ce fait, il met en évidence un extrait de ce document qui étaye cette hypothèse, avec  "une enquête sur un réseau qui travaille pour le compte du Maroc, développant une activité d'ingérence au sein des institutions européennes par la corruption d'individus installés à des postes clés du monde institutionnel, principalement au sein du PE", faisant référence à
Eva Kaili. "La politique du groupe parlementaire S&D (socialistes et démocrates) serait influencée par le Maroc". Une influence qui a "atteint les décisions du Parlement européen en faveur du Maroc à plusieurs reprises".
Les enquêteurs évoquent de "nombreux textes de résolutions votés", mais aussi de "différentes déclarations de la délégation pour le Maghreb", c'est-à-dire celle dirigée par Panzeri pendant huit ans, de 2009 à 2017.
Pendant ce temps, le parquet de Bruxelles poursuit ses investigations. Des analyses des PC retrouvés dans les bureaux des assistants parlementaires font ressortir des anomalies concernant certaines nominations.(SPS)
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