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Reconnaître la "prétendue" souveraineté marocaine sur Sahara occidental "nuit à la paix en Afrique du Nord"

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Alger, 20 juin 2021 (SPS) Le professeur des universités et directeur du Centre d'études sur le Sahara occidental de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), Carlos Ruiz Miguel, est revenu sur la décision de l'ex-président des Etats-Unis, Donald Trump, à propos de la prétendue "souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental", affirmant que cette décision "nuit à la paix en Afrique du Nord".
"Il est nécessaire de rappeler l'histoire et le droit international applicable des Nations-Unies (ONU)", après la décision de l'ancien président américain, Donald Trump, de "reconnaître" la "souveraineté" du Maroc sur le Sahara occidental, a affirmé Carlos Ruiz Miguel, cité samedi par le journal Le Soir D'Algérie.
La décision de M. Trump, de "reconnaître la souveraineté" du Maroc sur le Sahara occidental -- qui est "contraire au droit international" --, "nuit à la paix en Afrique du Nord", a indiqué Carlos Ruiz Miguel.
Le professeur a rappelé que l'Espagne a signé "un accord de ‘protectorat’ avec les tribus indépendantes du Sahara occidental en 1884, près de 30 ans avant qu'elle ne soumette avec la France, le Maroc à un protectorat en 1912. Après l'indépendance de ce dernier en 1956, sa politique étrangère agressive visant à construire ‘le Grand Maroc’, à chercher à annexer le Sahara Occidental, la Mauritanie, le nord-ouest du Mali, l'Ouest de l'Algérie et les territoires espagnols d'Afrique du Nord".
"Après avoir échoué, le Royaume a concentré toute son énergie sur la prise de possession du Sahara occidental", affirmant également qu'il faisait partie de son ‘intégrité territoriale’ et que la décolonisation du territoire, alors administrée par l'Espagne, ne devait pas se faire par le biais d'un referendum d'autodétermination, mais en le 'rendant' au Maroc pour qu'il puisse le 'récupérer'", a ajouté Carlos Ruiz Miguel.
Selon lui, "pour dissiper les doutes, l'ONU a demandé à la Cour pénale internationale de justice un avis consultatif qui a été émis le 16 octobre 1975, indiquant que le Maroc n'a jamais eu de souverainement sur le Sahara Occidental".
La cour a conclu, a-t-il poursuivi, que "la décolonisation du Sahara occidental devrait être réalisée "par l'application du principe d'autodétermination par l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire". L'Assemblée Générale de l'ONU a ensuite exigé le referendum d'autodétermination".
Il a indiqué, par ailleurs, qu'"après le retrait de l'Espagne le 26 février 1676, le Front Polisario, après une résistance, proclame la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), reconnue par un grand nombre d'Etats, mais le Maroc a poursuivi jusqu'à 1991 la guerre contre le Front Polisario (représentant du peuple sahraoui selon la résolution de 1979 de l'Assemblée Générale de l'ONU)".
Il a souligné que les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, ont signé en 1988 des propositions de règlement qui, complétées par le plan d'application du Secrétaire général des Nations-Unies, forment le plan de règlement (S/21360), approuvé par le Conseil de Sécurité en 1990 (S/RES/658).
"Ils ont accepté, a-t-il dit, d'organiser un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations-Unies, avec la coopération de l'Organisation de l'unité africaine, dans lequel les personnes incluses dans le recensement espagnol de 1974 voteraient (paragraphe 23 et 24 du plan de règlement) pour que les Sahraouis choisissent entre l'intégration au Maroc et l'indépendance (paragraphe 31 du plan de règlement").
Par la suite, a ajouté le professeur, le Secrétaire général de l'ONU avait décidé que "ceux qui s'accréditaient comme Sahraouis devaient être ajoutés au recensement à travers une série de critères. Après de nombreux obstacles, la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental a achevé le recensement en décembre 1999.Toutefois, le Maroc a déshonoré son engagement contenu dans le plan de règlement".
Le 13 novembre 2020, le Maroc a également renié ses engagements concernant le cessez-le-feu, provoquant le retour à la guerre après plus de 30 ans de tension, a-t-il encore rappelé.
Suite à ce rappel historique, le Pr. Ruiz Miguel a affirmé que "la ‘reconnaissance’ d'une ‘souveraineté’ dont la Cour internationale de justice a déclaré qu'elle n'a jamais existé signifie seulement le soutien à une politique d'expansionnisme et de violation du droit international et du droit à l'autodétermination reconnu au Sahara occidental par la Cour de internationale de justice, l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l'ONU".
Et de conclure: "Seul le respect des droits des autres apportera la paix au territoire sahraoui". (SPS)
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