Aller au contenu principal

Guerguarat: réclamation d’une mission onusienne pour constater les violations marocaines

Submitted on

Washington, 11 nov 2020 (SPS) Le président de la Commission de défense du Sénat américain, James Inhofe, a déclaré mardi que le Maroc a violé l’accord de cessez-le-feu en ouvrant une brèche illégale dans la région d’El Guerguerat, appelant l’ONU à envoyer une équipe pour constater de visu la violation de l’accord du cessez-le-feu par Rabat.
S'exprimant devant le Sénat sur l'évolution de la situation au Sahara occidental, l'influent sénateur républicain, a déclaré que "le Maroc a tenté maintes fois d'utiliser l'ouverture illégale de Guerguerat pour transporter des marchandises en violation de l'accord de cessez-le-feu des Nations Unies".
Dans cette lancée, James Inhofe a proposé à l'ONU d'"envoyer une équipe à Guerguerat pour confirmer que le Maroc est en violation de l’accord", rappelant qu’en 2017, les Etats-Unis encourageaient l'envoi par l'ONU d'une équipe technique à Guerguerat que le Maroc avait bloquée.
C'est en effet, contre "cette utilisation illégale du territoire" du Sahara occidental que des Sahraouis protestaient pacifiquement, a affirmé le sénateur, soulignant que "le Maroc, au lieu de reconnaître leur droit de manifester pacifiquement, il lance des menaces à leur encontre ".
A ce titre, M. Inhofe a fait état d'informations selon lesquelles "le Maroc envoie également des forces militaires dans la région dans le cadre d’une escalade manifeste". D’après lui, ce n’est pas un fait nouveau, "le Maroc tente depuis trop longtemps d’utiliser illégalement la question de Guerguerat".
"En plus de nier au peuple sahraoui son droit à la liberté et à l'autodétermination, le gouvernement marocain tente de voler et de piller autant que possible les terres qu'il a revendiquées illégalement", a-t-il ajouté. Et de poursuivre: "il (l'occupant marocain) vole leurs ressources naturelles, exploite et vend illégalement leur phosphate, et pêche illégalement dans les eaux leur appartenant".
Ceci est préoccupant, juge le Sénateur, d’autant plus "les Nations-Unies censées veiller à l’application de l’accord de cessez-le-feu de 1991, tolèrent en silence les abus du Maroc depuis des années".
C’est pourquoi le moment est venu, pour lui, "de sortir de ce conflit gelé et forcer le Maroc à respecter son accord de près de 30 ans, celui d'organiser le référendum d’autodétermination".
"Pas dans un an, pas dans trois ans, mais nous devons prendre des mesures pour l’organiser maintenant", a-t-il insisté, mettant en garde contre "la poursuite par le Maroc de son escalade. Le résultat serait inévitable. Nous risquerions de revenir à l'époque des conflits ouverts".
"Les Nations Unies doivent agir maintenant et le monde doit prouver que nous défendons tous nos valeurs de liberté et de démocratie même quand il s’agit des Sahraouis. Ils ont attendu assez longtemps", a-t-il soutenu, assurant que tout le monde est du côté du peuple sahraoui.
"Nous avons, l’Union africaine, la plupart des membres de la Communauté européenne, qui soutiennent les efforts des Nations Unies. La Cour européenne de justice qui a statué qu'aucun accord économique de l'UE ne pouvait couvrir le Sahara occidental", a-t-il indiqué.
L’homme politique américain a mis l'accent, en outre, sur la nécessité d'"appliquer l'accord de cessez-le-feu de 1991. Cela rétablira la bonne foi (...) et permettra de faire de réels progrès pour parvenir à un référendum d'autodétermination" au profit du peuple du Sahara occidental.
Dans son intervention devant le Sénat, M. Inhofe, a rappelé qu’en 1966, l'Assemblée générale des Nations Unies a convenu qu'un référendum d'autodétermination devrait être organisé. L'Espagne (puissance coloniale), tout le monde était d'accord pour l'organiser en 1975.
Un avis de la Cour internationale de Justice de 1975 a également convenu que le Maroc n'avait pas de souveraineté sur le territoire et qu'un référendum d'autodétermination devrait être organisé, a-t-il rappelé.
Le Maroc a maintenu sa revendication illégale du Sahara occidental et a tenté d'annexer le territoire par la force, une tentative contre laquelle a résisté la République arabe sahraouie démocratique (RASD), à travers le Front Polisario.
Après plus d'une décennie de violence marocaines, les Nations Unies sont finalement intervenues en 1991 et les deux parties (Maroc et Front Polisario) ont convenu d'un cessez-le-feu et d’un plan de règlement du conflit accepté par les deux camps.
Et, il convient de noter que l’ONU réaffirme régulièrement l’engagement de 1991 en faveur d’un référendum d’autodétermination prévu en 1992. Un processus qui n’a jamais eu lieu et qui se trouve actuellement au point mort. "Laisser ce processus au point mort leur a coûté une génération de liberté", a regretté James Inhofe.
En 1997, l'ancien secrétaire d'Etat américain, James Baker, nommé envoyé spécial au Sahara occidental, avait tenté de relancer le processus de règlement du confit.
Le 16 septembre de la même année, les deux parties (Maroc/Front Polisario) parviennent à la signature de l'Accord de Houston qui prévoyait l'organisation, en 1998, du référendum d'autodétermination. Le Maroc, a rapidement abandonné toutes les négociations l'année suivante.
En se servant des richesses appartenant aux Sahraouis, "le Maroc verse des millions de dollars chaque année aux lobbyistes de Washington pour convaincre le monde qu'ils sont innocents et diaboliser le peuple sahraoui", a dénoncé, par ailleurs, le sénateur américain. (SPS)
020/090/700