Saisie d'une cargaison de phosphate destinée à la Nouvelle-Zélande en provenance du Sahara occidental

Bir Lahlou (territoires sahraouis libérés), 04 mai 2017 (SPS) Le gouvernement de la République arabe démocratique sahraouie (RASD) et le Front Polisario ont annoncé, dans un communiqué, l'interception en Afrique du Sud d'un navire qui transportait une cargaison de 54.000 tonnes de phosphates, destinée à la Nouvelle-Zélande en provenance des territoires sahraouis occupés par le Maroc.
"Le navire transportait 54.000 tonnes de phosphate d'une valeur d'environ 5 millions USD destiné à la Nouvelle-Zélande. Il s'agit d'une marchandise utilisée dans la fabrication d'engrais agricoles chargée le mois dernier à partir des côtes des territoires sahraouis occupés à bord d'un navire battant pavillon des iles Marshal et baptisé ‘Cherry Blossom’", précise le communiqué.
Les autorités sahraouies ont lancé des procédures légales en Afrique du Sud lorsqu'elles ont confirmé que le navire a fait escale à Port Elisabeth pour s'approvisionner en prévision d'un voyage d'un mois.
"Le bateau a été bloqué au niveau de ce port pour l'empêcher de se rendre en Nouvelle Zélande, sa destination finale", ajoute la même source.
Les Sahraouis, notamment le gouvernement de la RASD, ont maintes fois protesté contre l'exploitation et l'exportation illégales par les autorités d'occupation du phosphate provenant d'une ville du Sahara occidental occupé par les forces armées marocaines depuis 1975.
L'observatoire chargé de l'exploitation illégale par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental occupé a affirmé, dans son dernier rapport annuel en 2016, que le Maroc avait empoché 167,8 millions de dollars des exportations illégales de 1,4 million de tonnes de phosphate sahraoui. En 2014, les exportations de ce minerai avaient atteint 2,1 millions de tonnes et généré 234 millions de dollars.
Selon l'observatoire, en achetant le phosphate produit au Sahara occidental, les entreprises concernées "se rendent complices de la violation des droits des Sahraouis et contribuent à financer l'occupation".
Cependant, le commerce illégal d'exportation de phosphate continue et plusieurs compagnies étrangères y sont toujours impliquées dont deux de la Nouvelle-Zélande et ce malgré l'arrêt de la Cour de justice de l`Union européenne (CJUE) qui avait établi le 21 décembre 2016 que le Maroc et le Sahara occidental étaient des territoires distincts, relevant de souverainetés distinctes, et que les accords d’association et de libéralisation conclus entre l`Union européenne (UE) et le Maroc ne pouvaient en aucun cas s`appliquer au Sahara occidental.
Il s`en suit de cette jurisprudence que toute importation de produits en provenance du territoire du Sahara occidental au sein du marché intérieur sans l`accord du peuple sahraoui "ne jouit d`aucune base légale".
Dans le même contexte, M'Hamed Khadad, le coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations Unies pour l`organisation d`un référendum au Sahara occidental (Minurso), a indiqué que l'exploitation d'une ressource non-renouvelable d'un territoire occupé "est illégale à plusieurs niveaux".
"C'est une violation des principes du droit international...C'est moralement indéfendable", a-t-il jugé ajoutant: "C'est une mauvaise affaire le fait que les sociétés impliquées dans ce commerce sont confrontées à des risques de réputation" comme cela a été le cas pour plusieurs pays européens qui ont retiré leurs investisseurs de ce marché illégal. (SPS)
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